Nous le savons bien, la mode n’est pas seulement un phénomène qui régulièrement vient chatouiller nos charmantes compagnes et les obliger à des dépenses que d’aucuns qualifieraient d’inopportunes. Mais, désormais, un tel prurit atteint aussi la part masculine de la population surtout quand elle se mêle de « nouvelles » technologies.

Désormais les modes déferlent donc non plus de Paris, Vienne ou Milan, mais de la « Silicon Valley ». Il est bien connu en effet que les prophètes doivent venir de l’étranger ! Et puisque la programmation est un art dont nous sommes redevables aux anglo-saxons (merci, Lady Lovelace !), il est clair que les bonnes idées doivent venir d’ailleurs, de préférence là où on parle « anglais ».

On ne saurait dénombrer toutes les « bonnes pratiques » qui nous sont ainsi continuellement proposées. L’ennui, c’est qu’elles sont parfois contradictoires. Ainsi pour me limiter à un seul exemple, pendant des années, j’ai entendu dire : « la perfection n’est pas de ce monde ! » et pendant des décennies (mais plus tard !) : « il faut atteindre le « zéro défaut » ».

Maintenant, il est de bon ton de dire à nouveau, à chaque fois qu’une catastrophe « imprévisible » survient : « la sécurité totale n’existe pas ! », ce qui en terme informatique se traduit par « quel que soit le nombre de test que l’on fait subir à un programme, il restera toujours des bogues ». Un tel énoncé est manifestement faux, sauf à supposer qu’il existe un nombre infini de bogues dans tout programme, ce qui pourrait alors devenir l’axiome fondateur de la programmation !

Pourtant, ayant pratiqué aussi bien la programmation dite « scientifique » que celle réputée « de gestion », j’ai pu constater, qu’à condition d’y consacrer l’attention nécessaire, on pouvait écrire des programmes sans défaut, mais parfois sujets à des défaillances extérieures (pannes de courant, blocage de la machine, etc.).

Je pense que cela n’étonnera personne que dans le domaine scientifique on soit capable de dérouler des algorithmes parfaits, pourtant il faut rappeler qu’il y a une quarantaine d’années une démarche, appelée « programmation structurée » était proposée (et enseignée, notamment en France !) pour écrire des programmes de gestion indemnes d’erreurs. Mais comme depuis cette époque, les moyens de stockage et les langages de mise en œuvre ont beaucoup évolué, on s’est bien gardé de prolonger l’implantation de démarches considérées comme désuètes et chronophages. Et même le fameux « bogue de l’an 2000 » qui aurait pu fournir l’occasion de revisiter des programmes souvent écrits dès les années 70, n’a pas été mis à profit pour améliorer à fond  l’informatique « patrimoniale » des « grands comptes » publics ou privés.

La « Malédiction du Bogue Invisible » continuera donc encore longtemps de frapper, pour le plus grand bonheur des incompétents et des spécialistes qui leur viennent en aide !